Après avoir fait un rapide tour d'horizon de l'histoire des noms de domaines, tant au niveau technique qu'à celui des entités administratrices, nous allons voir dans ce billet comment nous sommes en train de passer d'un internet anglophone à un internet ouvert aux autres alphabets et syllabaires.
L'AFNIC française, qui gère les extensions .fr (France), mais aussi .pm (Saint-Pierre-et-Miquelon), .re (Île de la Réunion), .tf (Terres Australes et Antarctiques), .wf (Wallis et Futuna), .yt (Mayotte), ne supporte par exemple que les trente caractères suivants : à, á, â, ã, ä, å, æ, ç, è, é, ê, ë, ì, í, î, ï, ñ, ò, ó, ô, õ, ö, œ, ß, ù, ú, û, ü, ý et ÿ.
La période d'enregistrement prioritaire ayant pris fin le 3 juillet 2012, il est désormais possible à tout un chacun de déposer des noms de domaine contenant ces caractères (source).
Techniquement, ces noms de domaines sont traduits en Punycode (ou ACE, pour ASCII-Compatible Encoding), une syntaxe de codage qui permet de représenter de façon univoque (à la fois complète, unique et réversible) une chaîne de caractère encodée en Unicode en ASCII. Ainsi, les tables du DNS peuvent continuer à fonctionner en ASCII sans modification profonde.
Par exemple, le nom de domaine étals.fr sera réécrit xn--tals-9oa.fr, où xn-- est un préfixe indiquant un nom international, http://عربي.امارات deviendra http://xn--ngbrx4e.xn--mgbaam7a8h, ou encore http://www.ᏣᎳᎩ.net (écrit en syllabaire Cherokee) sera transformé en http://xn--f9dt7l.net/.
Dans cette affaire, le plaignant, la société Goéland Distribution qui vend des t-shirts en ligne, découvre que le nom de domaine goéland.fr a été déposé, sans qu'aucun site n'y soit lié. Le déposant argue du fait qu'il veut lancer un réseau social en 2013. L'AFNIC déboute le plaignant le 28 août 2012 puisque « les pièces fournies par les parties ne permettaient pas de conclure que le titulaire avait enregistré le nom de domaine dans le but de profiter de la renommée du requérant en créant un risque de confusion dans l’esprit du consommateur ». Par ailleurs, la marque GOELAND du plaignant, bien que déposée à l'INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) en 2007, ne contenait pas d'accent, ce qui n'a pas dû jouer en sa faveur. Cependant, on peut se poser des questions quant à la bonne foi du défenseur qui, ayant déposé un nom de domaine un brin limite, était pourtant « disposé à trouver un accord amiable ». Dommage pour Goéland Distribution qui a raté son nom de domaine accentué. Peut-être le chèque demandé en coulisses était trop élevé ? Mais ce ne sont là que conjectures. Pour en savoir plus sur cette affaire, voir le compte-rendu (en pdf) du Collège.
Dans un autre jugement plus récent datant du 10 septembre, le squatter n'a même pas pris la peine de monter un quelconque projet, se bornant à rediriger son nom de domaine décorial.fr vers une page parking et « n'a pas adressé de réponse à l'AFNIC ». La marque déposée Décorial a cependant été déboutée, le Collège ayant décidé de leur refuser la transmission du nom de domaine.
Que faire lorsque le cas se présente ? L'AFNIC a mis en place un service en ligne pour résoudre les litiges de noms de domaines : Syreli. Mais au vu de ces deux jugements récents, les jeux d'accents ont encore de beaux jours devant eux.
Ainsi, ces pays ont doublé (voire triplé dans le cas de la Chine et de Taïwan) leur nombre possible de noms de domaines nationaux. En pratique cependant, les registraires proposent souvent une formule qui comprend les différents alphabets en même temps.
Internationalisation des noms de domaine
Depuis le 10 décembre 2009, il est possible d'enregistrer des noms de domaine contenant des caractères non ASCII. Ce support dépend à la fois des registres des noms de domaines et des caractères acceptés. La plupart suivent un processus en deux temps, voire trois. Dans un premier temps, la période d'enregistrement prioritaire (sunrise), seuls les titulaires de noms de domaine ASCII peuvent préempter les versions internationalisées de leurs noms de domaine. Cette phase peut être suivie d'une période dite de land rush durant laquelle une entité peut commander des termes génériques pour lesquelles elle ne possède pas de droit. Vient enfin la phase ouverte, où tout le monde peut demander un nom de domaine internationalisé selon la règle du premier arrivé, premier servi.L'AFNIC française, qui gère les extensions .fr (France), mais aussi .pm (Saint-Pierre-et-Miquelon), .re (Île de la Réunion), .tf (Terres Australes et Antarctiques), .wf (Wallis et Futuna), .yt (Mayotte), ne supporte par exemple que les trente caractères suivants : à, á, â, ã, ä, å, æ, ç, è, é, ê, ë, ì, í, î, ï, ñ, ò, ó, ô, õ, ö, œ, ß, ù, ú, û, ü, ý et ÿ.
La période d'enregistrement prioritaire ayant pris fin le 3 juillet 2012, il est désormais possible à tout un chacun de déposer des noms de domaine contenant ces caractères (source).
Techniquement, ces noms de domaines sont traduits en Punycode (ou ACE, pour ASCII-Compatible Encoding), une syntaxe de codage qui permet de représenter de façon univoque (à la fois complète, unique et réversible) une chaîne de caractère encodée en Unicode en ASCII. Ainsi, les tables du DNS peuvent continuer à fonctionner en ASCII sans modification profonde.
Par exemple, le nom de domaine étals.fr sera réécrit xn--tals-9oa.fr, où xn-- est un préfixe indiquant un nom international, http://عربي.امارات deviendra http://xn--ngbrx4e.xn--mgbaam7a8h, ou encore http://www.ᏣᎳᎩ.net (écrit en syllabaire Cherokee) sera transformé en http://xn--f9dt7l.net/.
Les cybersquatters aux aguets
Le cas français
Très peu de marques se sont inquiétées de cette évolution. Cependant, dès lors qu'une lettre dans le nom d'un domaine peut être remplacée par une version accentuée, celui-ci peut être potentiellement squatté. Faut-il pour autant acheter toutes les combinaisons possibles ? A priori, la justice devrait protéger votre marque dès lors que vous l'en informerez. Cependant, il y a déjà eu plusieurs cas de jurisprudence en France, en commençant avec l'affaire goeland.fr contre goéland.fr.Dans cette affaire, le plaignant, la société Goéland Distribution qui vend des t-shirts en ligne, découvre que le nom de domaine goéland.fr a été déposé, sans qu'aucun site n'y soit lié. Le déposant argue du fait qu'il veut lancer un réseau social en 2013. L'AFNIC déboute le plaignant le 28 août 2012 puisque « les pièces fournies par les parties ne permettaient pas de conclure que le titulaire avait enregistré le nom de domaine dans le but de profiter de la renommée du requérant en créant un risque de confusion dans l’esprit du consommateur ». Par ailleurs, la marque GOELAND du plaignant, bien que déposée à l'INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) en 2007, ne contenait pas d'accent, ce qui n'a pas dû jouer en sa faveur. Cependant, on peut se poser des questions quant à la bonne foi du défenseur qui, ayant déposé un nom de domaine un brin limite, était pourtant « disposé à trouver un accord amiable ». Dommage pour Goéland Distribution qui a raté son nom de domaine accentué. Peut-être le chèque demandé en coulisses était trop élevé ? Mais ce ne sont là que conjectures. Pour en savoir plus sur cette affaire, voir le compte-rendu (en pdf) du Collège.
Dans un autre jugement plus récent datant du 10 septembre, le squatter n'a même pas pris la peine de monter un quelconque projet, se bornant à rediriger son nom de domaine décorial.fr vers une page parking et « n'a pas adressé de réponse à l'AFNIC ». La marque déposée Décorial a cependant été déboutée, le Collège ayant décidé de leur refuser la transmission du nom de domaine.
Que faire lorsque le cas se présente ? L'AFNIC a mis en place un service en ligne pour résoudre les litiges de noms de domaines : Syreli. Mais au vu de ces deux jugements récents, les jeux d'accents ont encore de beaux jours devant eux.
Le cas canadien
De son côté, la CIRA canadienne (Canadian Internet Registration Autority, ou Autorité Canadienne pour les Enregistrements Internet) multiplie les consultations sur l'IDN (Internationalisation des Noms de Domaines) et explicite le processus engagé (en anglais) pour mieux gérer le lancement en janvier 2013.Le cas brésilien (.br)
Les noms de domaine internationalisés sont supportés depuis le mois de mai 2005 pour l'extension .br, exclusivement pour les caractères de la langue portugaise (soit à, á, â, ã, é, ê, í, ó, ô, õ, ú, ü et ç), mais les éventuels conflits sur les versions accentuées ou non ont été tués dans l'œuf : un domaine comportant des accents et/ou cédilles ne pourra être déposé que par la même entité propriétaire du nom équivalent sans accent et/ou cédille (source, en portugais).Le cas portugais (.pt)
Au Portugal, les mêmes caractères accentués portugais sont autorisés depuis le 1er janvier 2005. C'est le centre Arbitrare (centre d'arbitrage de la propriété industrielle, des noms de domaines, des entreprises et dénominations) qui gère les conflits éventuels via une application en ligne (en portugais).Le cas espagnol (.es)
Les noms de domaines en .es peuvent supporter les caractères du castillan, du catalan, du basque et du galicien depuis le 30 octobre 2007 : á, à, ç, é, è, í, ï, l·l (l géminé catalan), ñ, ó, ò, ú et ü. Les contentieux se règlent directement au tribunal administratif (Procédures d'instruction des noms de domaine, pdf en espagnol).Internationalisation des extensions de noms de domaine
La même technique est appliquée à l'extension du nom de domaine, fonctionnelle depuis le mois de mai 2010, qui permet à l'extension elle-même de supporter d'autres jeux de caractères que le latin-1. L'Égypte (مصر.), l'Arabie Saoudite (لسعودية.), les Émirats Arabes Unis (امارات.), puis la Russie (.рф), la Chine (.中國 et .中国), Taïwan (.台灣 et .台湾), Hong Kong (.香港) et le Kazakhstan (.қаз) en sont déjà pourvus, bien d'autres suivent.Ainsi, ces pays ont doublé (voire triplé dans le cas de la Chine et de Taïwan) leur nombre possible de noms de domaines nationaux. En pratique cependant, les registraires proposent souvent une formule qui comprend les différents alphabets en même temps.
Un premier pas
Cette internationalisation des noms de domaine et de leurs extensions va permettre d'augmenter le nombre de domaines possibles, même si pour l'instant il s'agit surtout de doublons à des domaines existants. Nous verrons dans un prochain billet qu'il ne s'agit que d'une première étape d'un processus autrement plus vaste.Illustration : Chris Harrison.
Domain names: let's get international (en anglais)
Nombres de dominios: se internacionalizan (en espagnol)
Nomes de domínio: internacionalizam-se (en portugais)
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